AFIN QUE NUL N'IGNORE!

Publié le par Daniel MARSIN


LE QUIPROQUO DU DISCOURS DE NICOLAS SARKOZY

 

 On peut légitimement parler des séquelles du colonialisme. On peut, non sans raison, déceler des relents coloniaux ou colonialistes dans les politiques publiques conduites par le pouvoir central en outre-mer. Mais on ne peut reprocher au Président de la République de vouloir prendre personnellement en mains le dossier des « Départements-régions d’outre-mer » après une si grave crise où il a été directement interpellé.

Il faut aussi l’admettre, si au début de la crise, il n’a sans doute pas mesuré sa nature et sa profondeur, comme d’ailleurs son Premier ministre et son Secrétaire d’Etat, mais aussi comme la plupart des responsables locaux, c’est son intervention directe, même si tardive,  qui a permis d’arriver à un accord, fut-il imparfait et précaire.

La venue de Nicolas SARKOZY aux Antilles doit également se comprendre comme une volonté présidentielle de marquer l’importance qu’il accorde à « ses » états généraux et réaffirmer son engagement à prendre rapidement des mesures pour corriger le tir au regard des carences et dysfonctionnements dans les orientations suivies par l’Etat en Outre-mer comme dans les pratiques administratives qui y ont cours depuis des lustres. On verra d’ici la fin de l’année comment se traduit  ce volontarisme affiché...

Encore faut-il aussi acter, même si certains voudraient l’occulter, que la crise a aussi pointé du doigt l’inefficacité des politiques conduites ici par les pouvoirs locaux ! On pourrait alors se demander quelle volonté et quelle parade ceux-ci ont-ils affichées face à la gravité et l’urgence de la situation, un projet de société étant programmé pour la fin de 2010. C’est pourquoi je me suis inscrit en faux contre cette démarche lors du Congrès du 24 juin dernier, étant convaincu que les élections à venir devraient être l’occasion d’un profond débat sur les politiques à conduire localement pour changer rapidement la donne.

Mais pour s'en tenir à la visite présidentielle, outre les engagements de Nicolas SARKOZY à prendre des mesures rapides sur , notamment, le pouvoir d’achat, le développement économique et durable, le dialogue social et la formation professionnelle ainsi que l’insertion des jeunes, le Président de la République a affirmer sa conviction qu’on ne peut « gouverner » la Guadeloupe comme on administre la Seine-Saint-Denis et qu'il y a  nécessité de changer le mode de « Gouvernance ». Mais, a-t-il dit, lors de l’aparté avec les Parlementaires et le Président de l’Association des Maires, les réticences, voire les peurs et les freins,  sont au niveau local (et pas au niveau national !).

Selon les propos présidentiels lors de cette première réunion en terres guadeloupéennes, certains poussent la population à assimiler tout changement institutionnel ou statutaire à l’indépendance, avec notamment suppression des droits sociaux et des fonds européens.

Et, c’est pour couper l’herbe sous les pieds de ces "oiseaux de mauvaise augure" que Nicolas SARKOZY a jugé utile de coupler sa volonté d’accompagner toute demande d’évolution dans le cadre des articles 73 ou 74 à un refus de toute démarche d’indépendance.

Ainsi, en voulant rassurer la population pour favoriser la nécessaire évolution, il a, par son ton péremptoire et définitif,  choqué plus d’un. Et c’est là le principal quiproquo du discours présidentiel à Petit-Boug qui, par ailleurs et il faut le dire aussi, a plu à un grand nombre de nos compatriotes.

Afin que nul n’ignore !

Daniel MARSIN

Publié dans Actualité

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