MORALE D'APRES CONGRES

Publié le par Daniel MARSIN

 

ATTENDRE ! ATTENDRE ! MAIS QUOI ? ET, POURQUOI ?

En Martinique, les élus ont très vite compris les raisons de la déconvenue de décembre 2003 ; et en ont tiré les enseignements. Il fallait éviter la précipitation, débattre sérieusement sur les options en matière d’évolutions institutionnelles ou statutaires et, surtout, les exposer clairement à la population qui, en toute hypothèse, devait avoir le dernier mot.

A Gauche, les uns  souhaitaient aller directement vers un régime d’autonomie ; c’est notamment l’option qui avait la préférence du Sénateur Claude Lise, Président du Conseil Général. D’autres, plus prudents, donc plus « progressivistes », optaient pour une Collectivité Unique, rassemblant les compétences du Département et de la Région, mais conservant l’identité législative avec les collectivités métropolitaines, bien entendu avec possibilité d’adaptation de certaines dispositions législatives par le moyen des habilitations accordées par le Parlement. C’est notamment le choix fait par le Député Serge Letchimy, actuel Président de la Région.

En Guyane, où on avait fait l’économie de 2003, le clivage était à peu près le même, certains, comme Christiane Taubira et les deux Sénateurs, étaient sur la même ligne que Claude Lise, tandis que d’autres, comme Rodolphe Alexandre, l’actuelle Président de Région, adoptaient la même démarche « progressiviste » que Serge Letchimy.

Ainsi, en Martinique comme en Guyane, si certains s’avéraient plus pressés, plus téméraires, que d’autres, TOUS s’accordaient  sur la nécessité impérieuse de moderniser, de renforcer la Gouvernance de leur « pays ». Ils étaient tous d’accord pour que, dorénavant, il y ait tout simplement UNE Collectivité, avec UNE Politique, des choix rationalisés   et des moyens mutualisés , optimisés, au  service de la cohérence de son Développement économique et social ; ce qui, à vrai dire relève de la simple Conscience de l’intérêt collectif, du réalisme, en somme  du bon sens. Et, cela, les peuples de Martinique et de Guyane, sans être fous ou suicidaires,  l’ont senti, l’ont compris, l’ont intégré. Comme quoi, le rôle de l’élu n’est pas, comme voudraient nous en convaincre  certains, de se cacher derrière le peuple, mais surtout d’être clair avec lui-même pour inspirer confiance et  pouvoir  ensuite éclairer ses concitoyens.

On connait la suite : Nicolas SARKOZY, qui a reçu à plusieurs reprises les « protagonistes » à l’Elysée et perçu aussi bien les convergences que les divergences, a choisi, en toute ouverture, de donner le choix aux peuples guyanais et martiniquais. In fine, dans ces deux départements-régions, en toute conscience citoyenne, la Collectivité Unique avec identité législative a presque été plébiscitée. HONNEUR et RESPECT !

Et en Guadeloupe ? « Aaaaaaaaah, la Guadeloupe » ! dirait le Président de la République. Nous attendons… désespérément. Mais quoi ? Nous ne savons pas, à moins que ce ne soit pas avouable !

Entre 2003 et 2009, alors que les martiniquais tiraient les leçons de la consultation de décembre 2003 pour mieux creuser le sillon, et que les guyanais approfondissaient le débat, chez nous, le sujet était devenu tabou, soit disant par peur d’effrayer le peuple (il a bon dos !). En quelque sorte, il était urgent d’attendre ! Surtout avec toutes les élections qui se profilaient à l’horizon.

Et, quand le Président de la République s’est saisi de la demande des élus martiniquais et guyanais en 2009, en Guadeloupe, il fallait faire un jeu de jambes, « on lélé pou gaga vwè ». Hop ! Réunion urgente (déjà !) du Congrès le 24 juin, pour décider  d’ATTENDRE … 18 mois ! Dés lors, on pouvait dormir tranquille. Et tant pis pour « ces » martiniquais et guyanais qui ont voulu consulter leur peuple respectif ; ils ne nous « imposeront » ni leur réalisme, ni leur « démocratisme » participatif, et encore moins leur principe de rationalité. Et, quant à la France, elle n’a qu’à attendre comme NOUS, qu’à nous attendre en somme.

Mais le problème, c’est que l’Histoire n’attend pas car elle n’est pas accrochée à nos caprices. Et, après de très longs débats, la loi portant Réforme des Collectivités Locales françaises a été définitivement adoptée par le Parlement en novembre 2009.

« Ce n’est pas grave ; on verra ce qu’on va voir ». Il suffit d’attendre.  Le Conseil Constitutionnel « ké kasé sa » ! Hélas, comme il était facile de le prévoir, la Loi a été validée.

Branle-bas de combat ! D’autant plus que le Président de la République n’a rien trouvé de mieux  à faire que de venir présenter ses voeux aux Outre-Mers en Guadeloupe. Avec toutes les charges qu’on lui envoyées, il ne nous ratera pas ! Panique à bord, et deux Congrès sont programmés, chaque président (belle cohérence !) envisageant le sien. Finalement, c’est celui de la Région qui s’est réuni. Et, on le sait, à l’occasion de ce « Congrès de la honte », à la limite de l’illégalité, dans une précipitation et une excitation extrêmes, après moult reniements, la majorité du Département et de la Région a  décidé d’enfermer la Guadeloupe dans le Droit Commun national.

Tout le monde a entendu ma voix discordante au cours de ce Congrès. Et, entre autres, après avoir rappelé  que « l’urgent, c’était l’important qui n’avait pas été traité à temps », j’ai fait observer que, en réalité, « il n’y avait pas d’urgence absolue, que la venue du Président de la République n’était pas une échéance » pour cette question  et qu’il valait mieux se donner, enfin, le temps utile, si nécessaire sur deux Congrès enrichis de discussions nourries avec toutes les parties, d’élaborer une ou plusieurs propositions réalistes et progressistes à soumettre à l’Etat. Je ne fus pas entendu.

Et, on l’a vu, cette proposition bancale du Congrès de Guadeloupe, c'est-à-dire le Droit Commun avec un bonus pour les élus, et eux seuls, n’a pas été au centre du discours présidentiel, sinon pour dire combien il était sceptique quant à sa constitutionalité.

En effet, comme je l’avais solennellement affirmé avant le vote définitif du Congrès, on ne peut pas avoir choisi le droit commun et vouloir modifier la Loi générale votée par le Parlement, pour NOUS et pas pour la Moselle ou le Val de Marne ; d’autant plus que l’une des questions les plus débattues à l’Assemblée Nationale et au Sénat fut précisément …. le mode de scrutin. Nous sommes quand même des parlementaires, voyons !

Et, nous voilà, une fois de plus, en train d’ATTENDREle 14 février 2011.

Mais qu’attendons-nous au juste ? Qu’on nous accorde une faveur ? Pourquoi ? Pour qu’il y ait plus de postes d’élus et que certains puissent se passer de l’épreuve du peuple ? Sincèrement, est-ce une prémonition, je crains que non ! Car, la Constitution serait colère.

Et vlan ! Nous retrouverions alors dans le DROIT COMMUN, comme j’ai prévenu dans ma mise en garde au Congrès.

Un petit pas en avant, ont dit certains, comme pour se donner bonne conscience. Moi, je parlerai plutôt d’un grand pas en arrière. La HONTE !!!

                                               Daniel MARSIN

 

Publié dans Ma part de vérité

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