CHRONIQUE D'UN DIMANCHE NOIR AUX ABYMES

CHRONIQUE D’UN DIMANCHE NOIR

POUR LA DEMOCRATIE AUX ABYMES

 

ACTE 0 : Samedi 15 mars 2008, veille du deuxième tour, 23 heures 55

  Daniel Marsin termine sa prise de parole devant les 3 à 4000 personnes venues soutenir son équipe et l’acclamer à la permanence de Providence, au bourg des Abymes, à l’occasion de ce dernier meeting géant de fin de campagne organisé par la Liste « UNIS POUR LES ABYMES » qu’il conduit. Il conclut son intervention en ces termes : « Mes amis, à n’en pas douter, demain sera un grand jour, un jour de victoire, car c’est la première fois que je m’adresse à autant de monde et dans une telle ferveur. Que Dieu bénisse les Abymes ! ».

A 400 mètres plus loin, à la permanence de Eric JALTON, qui vient aussi de terminer son discours devant environ 1500 personnes, c’est la panique car on a pris la mesure de cette marée humaine qui porte le leader de L’UNITE ABYMIENNE et ses colistiers.

Après s’être désaltéré et échangé une centaine d’embrassades et de poignées de main, à 0 heure 50, Daniel Marsin rentre chez lui pour un repos bien mérité. « Ah !!! La journée sera longue demain », se dit-il, en se couchant. Mais, il ne croyait pas si bien dire …..  

De « l’autre côté », manifestement, on se dit qu’il faut faire quelque chose ! Allez savoir quoi …..

 

ACTE 1 : Dimanche 16 mars 2008, 1 heure 15 du matin environ….

Les auditoires des deux meetings se sont pour l’essentiel dispersés ; seuls quelques  retardataires trainent encore, certains échangeant leurs derniers pronostics, d’autres attendant on ne sait quoi.

C’est à ce moment là que Christian GATOUX, le Directeur Général des services de la ville des Abymes, qui suivait aussi les deux meetings, « décide » de se rendre à son bureau de l’Hôtel de ville pour récupérer son porte-documents, accompagné de Madame Flora BERTELY, jusque là élue déléguée à la vie associative, qui voulait profiter de l’occasion pour prendre possession de son arrêté d’affectation en tant que Présidente de bureau de vote et d’une enveloppe personnelle qu’elle aurait oubliée sur le bureau du Directeur l’avant-veille . A leur arrivée, il y avait, comme par hasard, assis sur le bord d’un des bacs à fleurs longeant le coté sud de la Mairie, un ancien élève de Madame BERTELY, membre du staff de JALTON, avec lequel d’ailleurs elle échangea quelques banalités avant de suivre  Christian GATOUX jusqu’à son bureau. 

 

 

ACTE 2 : Dimanche 16 mars, 1 heure 30 du matin environ …..

 

En redescendant à peine 10 minutes plus tard,  Christian GATOUX et l’élue sont accueillis par un commando d’une trentaine à une cinquantaine de militants de M. JALTON, dont celui qui était assis sur le bac à fleurs,  qui somment le Directeur d’ouvrir sa voiture ; ce qui est aberrant, puisque la voiture était restée dans le patio au vu et au su de tout le monde, mais qui est aussi illégal, et qu’il refuse presque naturellement.

Le commando « invite » alors l’élue à quitter rapidement  les lieux et « signifie » à Christian GATOUX qu’il est « retenu » tant qu’il n’aura pas donné les clés de sa voiture pour une fouille en règle. Ainsi commence ce qui allait devenir le « Dimanche noir de la Démocratie aux  Abymes ».

 

Instantanément, des centaines de SMS commencent à jaillir du Q.G. de JALTON, rameutant les militants  de la FRAPP pour une prise d’assaut en règle de l’Hôtel de ville avec, en perspective pour plus tard, la perturbation du déroulement des opérations électorales.

 

Premier SMS de la nuit : « ALERTE GATOUX et Mme BERTHELY pris la main dans le sac par la police nationale à 2 h du matin dans la mairie. Veillée générale devant la mairie. Faites passer le message. Eric Jalton »

 

En moins de temps qu’il faut pour le dire, 100, puis 200, puis 300 membres de la FRAPP, les uns plus exaltés que les autres, arrivent, avec à leur tête, Eric JALTON, et commencent de plus en plus bruyamment  à manifester leur « hostilité » et leur détermination à ne pas laisser partir Christian GATOUX.

Prenant la mesure de ce qui ressemblerait à un traquenard, Christian GATOUX décide d’alerter le Sous-préfet d’Arrondissement qui dépêche sur place le Commissaire de police de garde. Une fois sur place vers 2 heures du matin et après avoir évalué la situation, ce dernier demande du renfort et se retrouve rapidement à la tête d’une équipe d’une trentaine de policiers en tenue et en civil, s’interposant, dans le patio du hall arrière de l’Hôtel de ville, entre Monsieur GATOUX et sa voiture, d’une part, et les « putchistes », d’autre part.

 

Pendant ce temps, le Sous-préfet essaie en vain de convaincre Eric JALTON d’appeler ses troupes à la raison.

Pour toute réponse, un nouvel SMS est lancé du QG de JALTON : « Fraude à la Mairie des Abymes. Gatoux surpris par la Police à 2 heures du matin a refusé d’ouvrir sa voiture. La fraude ne passera pas. Votons Jalton !! Eric Jalton ».

 
Dès lors, des  centaines d’autres SMS fusent; c’est à qui aura le plus d’imagination, comme en témoigne ce message envoyé à un membre de notre liste : « Ne rentre pas dans le jeu des voleurs, sauve ton honneur, ton ami ……... »

Vers 3 heures 45 du matin, Christian GATOUX, sans doute mu par un besoin d’air, se rend à pieds chez sa mère habitant à 800 mètres plus loin ; d’où il  parvient d’ailleurs à joindre Daniel MARSIN pour lui rendre compte de la situation, ce dernier prenant instantanément l’attache du Sous-préfet pour échanger sur le contexte ainsi crée.

Toujours à pieds, Christian GATOUX revient à l’Hôtel de ville une demi-heure à trois-quarts d’heure plus tard. Entre temps, les SMS s’étant démultipliés, le nombre de manifestants atteint environ 300 à 350.

 

Et la situation devait rester bloquée jusqu’à 8 heures 30.

 

 

ACTE 3 : Dimanche 16 mars, 6 heures du matin, les médias entrent dans la danse …..

 

A 6 heures du matin, les deux principales radios opérant en Guadeloupe, sans doute sur la base d’ « informations » venant du Q.G. de JALTON, ouvrent leurs éditions en annonçant, sans bafouiller : « Vaste tentative de fraude découverte aux Abymes » ; ou encore : « Vive tension aux Abymes sur fond de fraude électorale ». Cette fausse information sera reprise en boucle jusqu’à 13 heures !

 

Le mal est fait ! Dès le début de la journée, c’est  l’émoi dans toute la Guadeloupe, aux Abymes en particulier ; et pour cause !

 

 

ACTE 4 : Dimanche 16 mars, 7 heures 40 du matin environ …..

 

Dès 6 heures 30, les Présidents de bureaux de vote arrivent les uns après les autres pour récupérer leur matériel de vote, entreposé dans le garage de l’Hôtel de ville sous la surveillance de deux vigiles privés accompagnés chacun d’un chien de race. Ils doivent ouvrir leurs bureaux respectifs à 8 heures, mais, vu la tension, impossible d’entreprendre la distribution des urnes.

A 7 heures 15, la situation est largement compromise et l’idée de mettre la voiture sous contrôle de la Police pour apaiser le climat est fortement envisagée par Daniel MARSIN et le Commissaire, mais Christian GATOUX affirme qu’il n’a pas les clés ; il les a « perdues » !

Vers 7 heures 40, la décision est prise d’enlever la voiture avec un camion-remorque sous la responsabilité du  Commissaire de police.

Vers 8 heures 10, non sans mal, puisque le volant est bloqué, la voiture est enlevée et transportée dans les locaux de la Police aux fins de vérifications judiciaires.

A partir de 8 heures 15, le matériel de vote commence à être distribué aux Présidents qui, tant bien que mal, le cœur serré, prennent la direction de leurs bureaux de vote en se disant que rien ne sera normal en ce jour-là.

Enfin, vers 8 heures 40, les premiers bureaux s’ouvrent, et les premiers électeurs, la rage au ventre, peuvent enfin voter tout en se disant, derrière l’isoloir, qu’il se passe réellement quelque chose de louche en ce dimanche matin d’élections aux Abymes.

 

 

ACTE 5 : Dimanche 16 mars, dès 9 heures du matin …..

 

Pour le camp JALTON, la manœuvre est en passe de réussir; il s’agit maintenant de transformer l’essai pour accomplir le plus parfait des hold-ups électoralo-politiques  jamais réalisés en Guadeloupe.

 

Aussi, à partir de 9 heures du matin, une nouvelle vague de SMS, lancés à partir d’un serveur, inonde les Abymes, avec des ondes de choc dans toute la Guadeloupe. Parmi la flopée  de messages, l’échantillon qui suit est très révélateur du but de la manoeuvre :

 

Vers 9 heures 15, une piqure de rappel du fameux: « Fraude à la Mairie des Abymes. Gatoux surpris par la Police à 2 heures du matin a refusé d’ouvrir sa voiture. La fraude ne passera pas. Votons Jalton !! Eric Jalton ».

Puis, dans la foulée :   « Aller devant les électeurs de Marsin. Dites-leur de venir avec nous car on va gagner. Judes Griffard , Lurel Chonkel, LUREL,  THEOPHILE,NABAJOTH  sont avec nous ; on va gagner. Eric Jalton ».

 

Vers 9 heures 40 : « Résultat de la fraude 1 h à 2 h de retard dans les opérations de vote. Votons Jalton, Liste Abymes Avenir. Pour la victoire et  le changement. Eric Jalton. »

 

Vers 11 heures : « Gatoux en garde à vue pour avoir perturbé les opérations de vote et dérobé des procurations. Faites passer le Message ».

 

 

ACTE 6 : Dimanche 16 mars, 11 heures, la montagne accouche d’une   souris …..

 

Un calme apparent étant revenu vers 11 heures, la Police procède, dans ses locaux,  sous le contrôle du Procureur, aux vérifications nécessaires et …. la Vérité tombe: Il n’y a rien de compromettant dans la voiture de Monsieur Gatoux.

 

A 13 heures, la presse le sait puisque RCI l’annonce; mais RFO continue la désinformation, et pour rendre l’affaire encore plus choquante et croustillante,  va même jusqu’à montrer à la Télé, sans aucun éclairage, le film du véhicule de Monsieur Gatoux enlevé par le camion-remorque.

 

Et, malgré l’intervention du Procureur en personne pour révéler et rétablir  la Vérité, il est trop tard. LE MAL EST IRREMEDIABLEMENT FAIT ; l’élection est jouée.

 

D’autant plus que, toute la journée, les partisans de Monsieur JALTON ne se sont plus gênés pour harponner les citoyens-électeurs devant les bureaux de vote, en leur disant que «  GATOUX est en garde à vue et le Maire-sortant mis en examen ». Grossiers mensonges, mais …..

 

 

ACTE 7 : Dimanche 16 Mars, 22 heures 45, le HOLD-UP est (de prime abord) parfaitement réussi ……

 

Ecoeuré comme il ne l’a jamais été de sa vie, mais avec toute la DIGNITE de sa fonction, Daniel MARSIN proclame les résultats, comme c’est son DEVOIR :

 

JALTON A REMPORTE LES ELECTIONS AVEC UN SCORE QUI DEPASSE L’ENTENDEMENT!

 

Et pour cause ! Choqués, désemparés et trompés  par toute cette crapuleuse supercherie, 90 % des 4399 électeurs captifs au deuxième tour, pensant barrer la route à la fraude, ont, en toute honnêteté, voté contre la liste de Daniel MARSIN ; ils ont été abusés, mais c'était fait ...

 

 D’autres, dans le doute, mais plus prudemment, ont préféré rester chez eux; ce qui n’a pas davantage arrangé les choses, mais …..

 

 

COMMENT UNE MISE EN SCENE AUSSI MACHIAVELIQUE A-T-ELLE ETE RENDUE POSSIBLE AUX ABYMES ? POUQUOI CE CAUCHEMAR NE S’EST T-IL PAS ARRETE AVANT QUE L’IRREPARABLE NE SOIT COMMIS ? ET, AU NOM DE QUOI A-T-ON PU ACCEPTER QU’UN TEL COUP SOIT MONTE CONTRE NOTRE VILLE ?

 

L’Histoire finira bien par nous le dire ! Avant longtemps, sans doute…?...

 

La démocratie est un long chemin où nous avançons, hésitants, avec deux pas en avant puis un pas en arrière. Elle a été gravement bafouée ce dimanche 16 mars 2008, mais l’engagement politique de Daniel MARSIN pour les Abymes et pour la Guadeloupe transcende cette regrettable péripétie.

Cet engagement s’inscrit dans une démarche patiente de rénovation, de construction d’une démocratie où l’homme guadeloupéen, vraiment informé donc éclairé, éclairé donc libre, libre et donc parfaitement responsable de ses choix, prendra les options les plus pertinentes pour que la Guadeloupe, en passant par les Abymes, s’affirme fièrement dans le concert du monde.

 

OUI ! LA ROUTE EST LONGUE … AVANT DE DORMIR .